OFCE
- L’instabilité financière nuit-elle réellement aux performances économiques ? par Jérôme Creel, Paul Hubert et Fabien Labondance – 22/01/2014
Le degré de financiarisation des économies
n’a pas d’effets positifs sur les performances économiques mesurées par le PIB
par tête, la consommation des ménages, l’investissement des entreprises ou
encore le revenu disponible. Dans la
plupart des cas, l’effet de la financiarisation n’est pas différent de zéro, et
quand il l’est, le coefficient a un signe négatif. Difficile alors de prétendre que développement
financier et économique vont de pair dans ces économies !..
Il est certainement illusoire d’attendre un
impact positif d’un accroissement supplémentaire du degré de financiarisation
des économies européennes. Il est
vraisemblable que les systèmes bancaires et financiers européens ont atteint
une taille critique au-delà de laquelle aucune amélioration des performances
économiques ne saurait être attendue. Au contraire, des effets négatifs
sont susceptibles de se faire sentir du fait d’un excès d’instabilité
financière que participerait à engendrer un secteur financier devenu trop grand
et dont les innovations sont insuffisamment ou mal réglementées…
L‘argument des lobbys bancaires selon lequel
réglementer leur taille aurait un impact négatif sur la croissance n’est
absolument pas étayé par les résultats de cette étude, bien au contraire. L’instabilité financière est coûteuse. Il
est important de la prévenir. Cela passe très certainement par une
meilleure définition des normes micro- et macroprudentielles et une supervision
effective des banques européennes…
OIT
- Tendances mondiales de l'emploi 2014: vers une reprise sans emplois? – 21/01/2014
Le chômage mondial
a augmenté de 5 millions de personnes en 2013 et, selon les tendances
actuelles, il augmentera encore de 13 millions d’ici à 2018 pour dépasser les
215 millions de chômeurs en 2018.
Les
jeunes continuent d’être particulièrement affectés par une reprise molle et
inégale. On estime que quelque 74,5 millions de jeunes – âgés de 15 à 24 ans –
étaient au chômage en 2013.Le taux
mondial du chômage des jeunes a atteint 13,1% soit près de trois fois celui des
adultes. En fait, le ratio entre le chômage des jeunes et celui des adultes
a atteint un sommet historique. Il est particulièrement élevé au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord, ainsi que dans certaines régions d’Amérique latine et
des Caraïbes et d’Europe du Sud.
Dans de nombreuses économies avancées, la durée du chômage
a doublé par rapport à la situation antérieure à la crise. Dans les pays en
crise de la zone euro, par exemple, la durée moyenne de chômage a atteint
jusqu’à 9 mois en Grèce et 8 mois en Espagne. Même dans les pays où sont
apparus des signes encourageants de reprise économique, comme les Etats-Unis,
le chômage de longue durée touche plus de 40% de l’ensemble des demandeurs
d’emploi.
Les taux d’activité n’évoluent pas, et sont encore inférieurs d’un
point de pourcentage à ce qu’ils étaient avant la crise. La chute des taux
d’activité a été particulièrement marquée en Asie de l’Est et du Sud, où
beaucoup de femmes ont quitté le marché du travail.
L’emploi précaire – c’est-à-dire les travailleurs indépendants ou les travailleurs
familiaux non rémunérés – représente
presque 48% de l’emploi total.
L’emploi informel demeure très fréquent dans la plupart des pays
en développement, même si les disparités régionales sont considérables.
Le déficit de la demande globale ralentit la reprise des marchés
du travail mondiaux. A cet égard, l’assainissement budgétaire actuellement en cours
dans de nombreuses économies avancées fait obstacle à l’essor rapide de la
croissance de la production, s’ajoutant à une faible consommation privée. Le
présent rapport montre qu’un rééquilibrage des politiques macroéconomiques et
un revenu du travail plus élevé amélioreraient considérablement la situation de
l’emploi.
Avec 23 millions de personnes que l’on estime avoir abandonné le
marché du travail en raison de leur découragement et la hausse du chômage de
longue durée, des politiques actives du marché du travail (PAMT) doivent être
mises en œuvre de manière plus énergique pour lutter contre l’inactivité et l’inadéquation des
compétences. En effet, avec toujours plus de travailleurs découragés et qui
restent en dehors de la population active, le risque de dégradation et
d’obsolescence des compétences s’aggrave…
Métropolitiques
- Dans l’ombre des maires Le poids des hiérarchies dans le choix des adjoints des villes moyennes françaises par Michel Koebel – 20/01/2014
Après s’être intéressé à la question de la représentativité
des élus locaux, Michel Koebel présente
une étude (sur
un échantillon de 894 adjointes et adjoints au maire de 79 villes moyennes
françaises : les 27 villes de 60 000 à 80 000 habitants et
un échantillon aléatoire de 50 villes – parmi les 492 existantes – de
10 000 à 20 000 habitants) du mode de
sélection et de la sociologie des adjoints au maire dans les villes
moyennes.
Une première confirmation de la
force de la domination masculine en
politique peut être apportée, à la lumière de la répartition sexuée des
attributions en fonction de leur prestige au sein des exécutifs. Le constat est
sans appel : en dehors du sport (délégation peu prestigieuse mais quasi
exclusivement masculine), la plupart des attributions les plus élevées dans la
hiérarchie municipale sont massivement confiées à des hommes…
La scène politique locale est
dominée par le pôle supérieur de
l’espace social, et ce d’autant plus que la taille de la commune et,
corrélativement, le prestige de la fonction augmentent… Les premiers rangs
d’adjoints sont massivement occupés par les cadres et professions
intellectuelles supérieures (CPIS) : plus de la moitié des 1ers et 2es
adjoints des villes de 10 000 à 20 000 habitants font partie de cette
catégorie, et entre 58 % et 65 % des trois premiers adjoints des
villes de 60 000 à 80 000 habitants. Parmi les autres adjoints,
les CPIS restent le plus souvent en tête des catégories représentées…
Une logique générale privilégie l’expérience supposée des élus,
accumulée avec le temps, qui semble surpasser toute autre forme de
compétence : les adjoints de moins
de 40 ans constituent l’exception (à peine plus de 10 %). Cette
sélection par l’âge (renforcée chez les hommes) est encore plus marquée chez
les maires, puisque seuls 3,7 % d’entre eux ont moins de 40 ans,
alors que les 18‑39 ans représentent environ 34 % du corps électoral.
Les
adjoints (et les maires) se différencient également des conseillers municipaux
par leur sensibilité politique affichée,
qui est d’autant plus marquée que la taille de la commune et la position dans
la hiérarchie municipale augmentent…
La
domination masculine reste de mise, comme celle d’une élite sociale et
politique locale âgée,
qui conserve les rênes du pouvoir local et prend généralement la forme d’un quarteron formé par le premier
magistrat, le premier adjoint (ou parfois les deux ou trois premiers adjoints),
auquel il faut ajouter le directeur général des services et le directeur du
cabinet.
FONDATION
ROBERT SCHUMAN
- Newsletter n°609 – 20/01/2014
Sommaire :
A la une ! : Franco-allemand - Rennes - Débat/Europe Crise financière : Allemagne - Grèce - Banque mondiale - Troïka Commission : PME - Emploi – Extrémisme Parlement : Grèce - Alimentation - Environnement - Déchets - Libre circulation - Marchés publics Conseil : Diplomatie - Marchés financiers BCE : Femme/directoire Allemagne : Énergie Chypre : Energie France : Franco-allemand - Autriche - Démographie Grèce : Erasmus+ Hongrie : Élections - Russie Lituanie : Euro Pays-Bas : Gaz République Tchèque : Premier ministre Royaume-Uni : Energie – Ecosse Ukraine : Répression - Russie Suisse : Fiscalité Aéronautique : Airbus Espace : Rosetta Eurostat : Commerce - Inflation Etudes/Rapports : Piraterie - Bulgarie/Roumanie - Risques mondiaux Culture : Expo/Saint Marin - Art/Bruxelles - Art/Bordeaux - Islande/Paris
CERI
- Le réseau transnational de Fethullah Gülen au cœur du soft power turc par Bayram Balci – 14/01/2014
Dès
son arrivée au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP) a
bénéficié de l’appui sans faille du mouvement de Fethullah Gülen avec lequel il
partage une idéologie islamique modérée et libérale. Les deux parties ont été
unies durant la dernière décennie par leur opposition à l’establishment kémaliste et militaire,
longtemps omnipotent en Turquie. L’affaiblissement de ce dernier et les
évolutions divergentes des deux piliers de cette « coalition »
dirigée par Recep Tayyip Erdoğan et Fethullah Gülen ont fait voler en éclat
cette alliance fragile et révélé des antagonismes profonds entre le Premier
ministre et le chef de la confrérie de Gülen, désormais engagés dans un conflit
direct…
Le mouvement développé par
Fethullah Gülen n’émerge qu’à partir du début des années 1990 mais va
rapidement s’imposer comme une force d’influence majeure tant par ses
ramifications dans le monde que par l’ampleur des activités proposées aux
migrants turcs mais aussi aux communautés hôtes.
En surfant sur la vague de la mondialisation, sa stratégie transnationale (Asie, Europe, Etats-Unis, Afrique) et multisectorielle permet à Fethullah
Gülen et aux siens de s’imposer comme le mouvement socioreligieux le plus
influent qu’a connu la Turquie…
Le
mouvement de Fethullah Gülen jouit d’un pouvoir d’influence, voire
d’intelligence économique, précieux pour la Turquie. En 1990, alors que les
Turcs se découvrent des frères centrasiatiques, les hommes d’affaires du
mouvement de Fethullah Gülen sont déjà installés dans la région où ils ont
développé un réseau de PME mixtes (turco-kazakhs ou turco-kirghizes, etc.)
Les liens économiques tissés entre l’Anatolie et les différentes régions du
monde par le mouvement ont encouragé la Turquie à s’ouvrir à l’étranger. Très
régulièrement, des hommes d’affaires de tous les pays du monde sont invités en
Turquie pour y rencontrer des partenaires et signer des contrats. Inversement,
quand des entreprises turques veulent investir dans des régions isolées, d’Asie
ou d’Afrique, les écoles et les
entreprises gülenistes déjà implantées sur ces continents leur offrent conseils
et réseaux.
Par
ailleurs, le nombre d’étudiants formés
dans les écoles de Fethullah Gülen inscrits dans les universités turques, mais
aussi américaines, n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui. Leur
accession au sortir de l’université à des postes influents au sein d’institutions
diplomatiques ou internationales en Europe ou aux Etats-Unis témoigne de la
réussite du programme éducatif du mouvement.
La nature religieuse du mouvement
n’apparaît pas dans les pays d’accueil.
Défenseur d’un islam modéré, Gülen n’a jamais cherché à ériger de mosquée, à
ouvrir une madrasa ou à
diffuser sa foi dans le monde de manière ostentatoire. Plus que le discours religieux, ce qui intéresse le mouvement c’est
d’être influent, d’où la stratégie de séduction des élites partout il est
présent, sans prendre position sur les sujets qui divisent…
La dégradation des relations de
Recep Tayyip Erdoğan et Fethullah Gülen nuit davantage au premier qui s’était construit une solide
réputation de dirigeant intègre mais doit aujourd’hui faire face à un important
scandale financier. De son côté, le dignitaire religieux se présente comme le
champion de la lutte anti-corruption et le défenseur de la démocratie et la
justice. Le mouvement de Gülen pourrait
donc bénéficier de la conjoncture et sortir gagnant du bras de fer engagé avec
le gouvernement de l’AKP et un Premier ministre qui de plus en plus
autoritaire. A moins que le mouvement religieux, certes modéré, finisse par
pâtir de sa politisation croissante, en Occident, mais surtout en Asie centrale
et en Afrique.
- Classement « Global Go-To Think Tanks 2013 » de l’Université de Pennsylvanie
Le
Think Tanks and Civil Societies Program (TTCSP) de l’Université de Pennsylvanie
s’intéresse au rôle que jouent les instituts politiques auprès des
gouvernements et des sociétés civiles à travers le monde. Souvent présenté
comme le « think tank des think tanks », le TTCSP examine les caractéristiques
et le rôle évolutif des organismes de recherche travaillant sur les politiques
publiques.
Pour la sixième année consécutive, le classement « Global Go-To
Think Tanks 2013 » de l’Université de Pennsylvanie, dirigé par le Professeur
James McGann, vient de paraître. Il constitue le répertoire le plus complet sur les think tanks dans le monde,
portant sur 6 826 d’entre eux dans 182 pays, classés dans 47 catégories. Il
est élaboré à partir des contributions de près de 2 000 experts,
universitaires, décideurs politiques, représentants d’ONG, think tanks,
journalistes, etc., issus de 120 pays.
Le
classement de cette année s'appuie sur un processus de nomination ouvert, suivi
d’une évaluation des candidatures par le Panel d’experts. En outre, le
classement de 2013 comporte un certain nombre de nouvelles catégories (ou
simplement modifiées).
Si la
France est le 6e pays avec le plus grand nombre de think tanks
recensés (177 entités répertoriées), elle se situe toujours très loin derrière
les Etats-Unis (1823 think tanks), et se place aussi derrière la Chine (429),
le Royaume-Uni (287), l’Inde (268) et l’Allemagne (194).
IPSOS
- Fractures française – vague 2 – IPSOS/Stria/ Fondation Jean Jaurès/Cevipof/France-Inter/Le Monde – 21/01/2014
Résultats
et commentaires
→« La
défiance à l'égard de la vie politique atteint des sommets inégalés »
→70 % des
Français prêts à limiter les pouvoirs de l'Europe
SOFRES
- Baromètre de confiance dans les media - TNS-SOFRES/La Croix – 22/01/2014
À l’approche de scrutins électoraux, les téléspectateurs,
auditeurs ou lecteurs (de journaux sur papier comme de sites en ligne)
assignent aux médias une mission
pédagogique
69 %
des sondés professent un intérêt « très ou assez grand » à l’information. Les hommes en sont
plus avides que les femmes (76 % contre 63 %) et les personnes ayant
pu suivre un long cycle d’études manifestent un intérêt plus marqué. Lorsque
l’on interroge ensuite les Français sur le premier média par lequel ils se
tiennent informés, ils sont autant qu’en 2013 à citer la télévision (57 %), la presse
écrite (10 %) et Internet hors sites d’actualité (5 %). Ils sont
en revanche 2 % de plus (10 %) à s’informer d’abord via les sites
Internet des titres nationaux. La radio,
elle, régresse légèrement (à 17 %,
-2 %).
Qu’elle
soit nationale ou régionale, quotidienne ou de périodicité différente, la
presse est lue « régulièrement » par 39 % des personnes
interrogées, « de temps à autre » par 32 %, « rarement ou
jamais » par 29 %.
La radio
reste (à 58 %, + 4 %) le média auquel les Français font le plus
confiance. Loin derrière, le Web améliore son image, 37 % des sondés
jugeant (comme en 2012) que les choses se sont passées « vraiment ou à peu près comme Internet le montre ».
Curieusement, les 25-49 ans (42 %) lui accordent plus de crédibilité
que les 18-25 ans (38 %).
Seul un
quart des Français estime que les journalistes exercent leur métier en toute
indépendance. Ils les jugent, à 60 %, incapables de résister aux
pressions de l’argent et, à 66 %, aux partis politiques et au pouvoir. Les
moins de 35 ans se montrent les plus méfiants (à 70 % pour les deux
questions), ainsi que les préférences partisanes situées aux extrêmes :
77 % des partisans du Front national et 88 % de l’extrême gauche
jugent qu’ils ne résistent pas aux pressions du pouvoir.
Les
Français comptent sur leurs médias pour les aider à éclairer les enjeux des
prochains scrutins électoraux
. 57 % d’entre eux estiment que la presse sous toutes ses
formes a un « rôle important ou très important » à jouer avant les
municipales de mars, proportion qui atteint 64 % pour les élections européennes.
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