Commissariat général à la Stratégie et à la
Prospective
- Les enseignements du débat citoyen : inquiétudes, mais attentes à l’égard des réformes par Delphine Chauffaut – février 2014
À l’occasion de ses
travaux sur “Quelle France dans 10 ans ?” le Commissariat général à
la stratégie et à la prospective a conduit une vaste concertation, accordant
une large place au débat citoyen. L’opinion de la population a été
recueillie au moyen de méthodes variées et complémentaires.
Le constat est celui
d’un grand pessimisme des Français sur
la situation de notre pays, tempéré
par un relatif optimisme sur leur avenir personnel, mais aussi d’une
énergie latente, prête à être mobilisée autour de la rénovation de notre modèle
social et économique. Parmi les personnes interrogées, certaines, faute de
projet fédérateur, s’enferment dans le repli sur soi et le rejet des autres.
D’autres, percevant des voies de changement, sont prêtes à accepter des
réformes qui viseraient à préserver notre façon de vivre ensemble.
Principaux enseignements :
- Un haut niveau de pessimisme des Français : 44 % s’attendent à une croissance négative ou nulle dans les dix prochaines années et 72 % à des tensions entre les groupes composant la société.
- La tentation d’un repli sur soi : un moindre engagement pour l’environnement, une forte volonté de sanction des abus et la limitation de l’immigration.
- Des Français désabusés face au fonctionnement de notre démocratie : les Français veulent notamment rénover la vie publique, réaliser des économies via le non-cumul des mandats et la limitation des indemnités.
- Un attachement à notre modèle social tout en étant critique sur ses faiblesses : 60% des citoyens souhaitent réorienter la protection sociale vers davantage de prévention et 51 % considèrent que l’école ne réduit pas les inégalités sociales.
L’observatoire des PME
- PME 2013 Rapport sur l’évolution des PME – 9e édition – février 2014
Les TPE et PME représentaient en 2012 près de la moitié des 22.184.000 emplois
salariés. Les ETI (entreprises de
taille intermédiaire) en représentaient, elles, près d'un quart. A
elles seules, les PME ont réalisé, en 2012, un chiffre d'affaires de
616 milliards d'euros et leurs exportations
ont augmenté de 6% contre 3,4% pour l'ensemble des exportations françaises.
Mais PME et ETI ont été affectées par le ralentissement économique de 2012 qui s'est poursuivi au début 2013. Leur rentabilité a globalement baissé et les PME et ETI ont perdu 92.000 emplois.
Mais PME et ETI ont été affectées par le ralentissement économique de 2012 qui s'est poursuivi au début 2013. Leur rentabilité a globalement baissé et les PME et ETI ont perdu 92.000 emplois.
Par ailleurs, la carte régionale de l'emploi
des PME continue de montrer de fortes
inégalités territoriales. Ainsi, 54%
des salariés de PME travaillent dans cinq régions : Ile-de-France,
Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Pays de la Loire et
Nord–Pas-de-Calais. Les défaillances
d'entreprise ont continué de progresser dans la plupart des régions, sauf
en Bretagne et en Franche-Comté où les dépôts de bilan ont diminué
respectivement de 2% et 9%. Ils ont en revanche augmenté de plus de 20% en Corse, Auvergne, Bourgogne, Haute-Normandie
et Basse-Normandie et de plus de 10% en Lorraine, Midi-Pyrénées, Pays de la
Loire, Picardie, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon.
Le rapport se penche aussi sur les problèmes
de trésorerie des PME. Il constate un recul
important de l'investissement en capital de près d'un tiers, plafonnant à
6,1 milliards d'euros. La levée de fonds a aussi connu un recul important, en
particulier auprès des banques et compagnies d'assurances, en partie compensé
par les particuliers et les pouvoirs publics. Mais l'étude révèle aussi que
l'innovation est malgré tout restée très dynamique chez les PME et ETI qui,
avec 18 milliards d'euros ont réalisé les deux tiers des investissements de R&D de l'ensemble des
entreprises. Enfin, les pôles de compétitivité qui constituent des
plateformes favorables aux partenariats technologiques et à
l'internationalisation sont toujours plébiscités par les PME et ETI qui
représentent 80% de leurs nouveaux membres.
Observatoire des Inégalités
- Les inégalités de conditions de vie dans le monde – Note de l’Observatoire n°2 – février 2014
L’Indice
de développement humain (IDH), est partout dans le monde en constante
progression. Cet indice était de 0,694 en 2012, contre 0,561 en 1980.
L’amélioration des conditions de
vie est indéniable, l’évolution de la situation mondiale est partout positive.
La situation des plus pauvres s’améliore même dans les pays du Sud, et
notamment en Afrique, pourtant souvent citée en exemple pour ses retards en
matière de développement. En Afrique subsaharienne, la part des habitants sans
eau potable est passée de 51 % en 1990 à 37 % en 2011.
Les habitants de la grande majorité
des pays en développement ont vu leurs conditions de vie s’améliorer, et pas
seulement dans les pays émergents, malgré une augmentation massive de la
population mondiale, en particulier dans les pays les plus pauvres…
Malgré
ces améliorations bien réelles, des inégalités massives demeurent. Dans de nombreux pays, les
guerres, la désorganisation des structures économiques ou l’accaparement des
richesses par une élite dirigeante, empêchent le plus grand nombre d’accéder au
minimum vital, alors que les plus aisés s’enrichissent et consomment toujours
plus…
L’échelle
continentale masque également d’énormes inégalités entre les pays, les zones
rurales et les villes. Il
faudrait observer comment les inégalités évoluent au sein de chaque pays, dans
les pays pauvres comme dans les pays les plus riches : une amélioration
moyenne peut masquer une détérioration pour certaines catégories de populations
marginalisées.
Dans les
pays aux économies émergentes (Chine, Brésil par exemple), une partie de la
population sort progressivement de la pauvreté pour accéder à la classe
moyenne. Mais à quel prix ? Leurs
conditions de travail, leurs revenus, leur protection sociale n’ont rien à voir
avec la situation des employés des pays développés…
Les
progrès en matière d’accès à l’eau potable, à l’école, aux nouvelles
technologies notamment, cachent aussi des améliorations en trompe-l’œil. Si le nombre d’enfants non
scolarisés en primaire dans le monde en développement s’est fortement réduit,
passant de 104 millions en 1999 à 58 millions en 2010, c’est aussi au détriment
de la qualité des conditions d’éducation et d’enseignement. Pour faire face à
une très forte pression démographique, l’amélioration de l’accès à l’école
s’est traduite par une très forte progression du nombre d’élèves par classe
(60, voire 100). L’essor des activités
productrices, de l’industrie, du bâtiment, des transports, engendre aussi dans
ces pays des conséquences environnementales qui peuvent être désastreuses.
Quelques chiffres :
- 11 % de la population mondiale, soit 768 millions d’individus, n’a pas accès à l’eau potable.
- Dans les pays en développement, un peu plus de 862 millions de personnes vivaient dans des bidonvilles en 2012…
FONDATION
ROBERT SCHUMAN
- Newsletter n°614 – 24/02/2014
IRIS
- Les défis de la stabilité en Centrafrique par Philippe Hugon – Les Notes de l’IRIS – février 2014
Au-delà
de la conjoncture, la Centrafrique est le prototype
d’un Etat failli. Elle est depuis son indépendance ravagée par des crises
et des coups d’état. Le faible contrôle de son territoire, grand comme la
France et qui compte environ 4 millions d’habitants (7 habitants au km2), la défaillance de l’Etat dans ses fonctions
régaliennes (absence d’armée opérationnelle), des référents ethno-régionaux se substituant à la construction d’un vouloir
vivre ensemble collectif national, sont autant de facteurs d’une vulnérabilité
extrême. Les richesses du sous-sol
(diamant, uranium, pétrole, or) et du sol (coton, bois) sont convoitées par des sociétés étrangères,
alimentent la contrebande à partir de frontières poreuses et sont, notamment
pour le diamant, des moyens de financement de divers groupes rebelles. Sous perfusion financière internationale, la
RcA a externalisé sa sécurité ;
faute d’état, les services sociaux sont assurés par des acteurs non-étatiques
essentiellement étrangers et par les églises. Chaos longtemps borné et oublié,
la RcA est devenue une zone grise au coeur du continent africain…
La
Séléka s’est constituée en août 2012 en regroupant plusieurs mouvances
dissidentes venant du nord. Elle est une coagulation de groupes armés
constituant des alliés de circonstances. La Séléka comporte des éléments
tchadiens et soudanais liés aux trafics du diamant.
Après
la prise du pouvoir par les armes, la situation est devenue très grave avec
plus de 500.000 déplacés et 70.000 réfugiés, la moitié de la population en
forte insécurité alimentaire, la violation des droits de l’Homme (recrutement
d’enfants-soldats, viols, meurtres). Les exactions des rebelles de l’ancienne
Séléka ont conduit à des groupes d’auto-défense « chrétiennes » (anti-balaka) et
les affrontements ont pris une dimension
ethnorégionale et religieuse, malgré le rôle d’apaisement des différents
responsables religieux.
La
« communauté internationale » s’est mobilisée face à un cycle de violence qui
risquait d’être impossible à contenir. Le 5 décembre 2013, elle avait voté à
l’unanimité, dans le cadre du chapitre VII, le recours à la force face à une
menace avérée contre la paix et la sécurité internationale en Centrafrique.
Les crises actuelles de la
centrafrique renvoient à deux principales lignes de force :
- La Centrafrique est l’exemple type d’un Etat failli, enclavé, entouré de huit pays en situation de forte insécurité et instabilité. les conflits renvoient à un enchevêtrement de facteurs où s’enchaînent l’Etat parasitaire, la criminalité, l’extrême pauvreté, la marginalisation des populations du nord et les rivalités pour le contrôle des ressources à commencer par le diamant.
- Face à une faillite totale de l’Etat centrafricain pour assurer ses fonctions régaliennes, les forces régionales africaines sont dans l’impossibilité d’assurer l’ordre et d’éviter le chaos. En l’absence de l’Europe et du fait du retrait américain dans cette zone, la France, ancienne puissance coloniale, joue le rôle de pompier ou de « gendarme par défaut » en termes de maintien de l’ordre mais non de soutien des régimes politiques en place…
Les défis à relever sont
considérables.
Dans le court terme, les forces de
l’ordre chercheront à sécuriser les biens et les personnes et
à empêcher une guerre civile, voire un génocide. A court/moyen terme se pose la question politique des élections et de la réconciliation nationale, notamment du dialogue interreligieux. A moyen/long terme, les questions sont
celles de la reconstruction de l’Etat,
du contrôle des ressources du sol et du sous-sol et de projets de développement
donnant des perspectives d’activités légales rémunérées, construisant un tissu
économique et permettant un désenclavement économique d’un des pays les plus
pauvres…
ARTICLES
- Dans La Croix : Touchés par la « précarité hydrique », certains Français n’ont plus accès à l’eau potable par Jean-Baptiste François – 24/02/2014Le problème touche les sans-abri, victimes de la fermeture de certaines fontaines publiques, mais aussi de nombreuses personnes qui ne peuvent plus payer leur facture d’eau…Avec 450 sanitaires publics gratuits, ainsi que 18 bains-douches publics, la capitale fait pourtant partie des villes les mieux équipées en termes d’accès à l’eau pour les plus démunis. Un paradis, à côté de Marseille, dans laquelle 12 000 personnes sans domicile fixe se partagent six sanitaires publics et où la grande majorité des fontaines sont cassées, selon un inventaire réalisé par Médecins du monde…À l’échelle du pays, parmi les 17 000 habitants des bidonvilles, essentiellement des Roms de Roumanie et de Bulgarie, 3 700 vivent sans robinet à proximité, selon un diagnostic officiel réalisé l’été dernier…Avoir un toit au-dessus de sa tête ne garantit pas un accès à l’eau suffisant. Les Français y consacrent en moyenne 1,1 % de leur budget. C’est raisonnable. Mais deux millions de ménages y consacrent plus de 3 % de leurs revenus. Le nombre de ménages aidés pour impayés d’eau est passé de 50 500 en 2005 à 67 500 en 2009, selon les chiffres les plus récents du ministère du logement…
- Dans Les Echos : Les dividendes ont dépassé 1.000 milliards de dollars par Marina Alcaraz – 24/02/2014… Les dividendes versés dans le monde ont dépassé la barre symbolique des 1.000 milliards de dollars. Les sommes distribuées aux actionnaires ont progressé de 43 % entre 2009 et 2013, selon une étude de Henderson sur les 3.000 plus grandes capitalisations. Et, pour 2014, la société de gestion anticipe une accélération de la croissance, tirée par les marchés développés, après une année 2013 relativement morose.Les entreprises nord-américaines restent les principales contributrices aux dividendes mondiaux, avec environ 340 milliards de dollars versés en 2013, un record. Sur cinq ans, les groupes outre-Atlantique les ont augmentés de 49 %.L'Europe, hors Royaume-Uni, arrive en deuxième position, représentant environ un cinquième des dividendes totaux comptabilisés (presque 200 milliards de dollars). Toutefois, cette zone a affiché la plus faible croissance en cinq ans (+8 %), sur fond de crise de la zone euro. La France, avec 50 milliards de dollars de dividendes en 2013, est le troisième pays dans le monde en termes de dividendes (après les Etats-Unis et le Royaume-Uni) et le premier du Vieux Continent.Les pays émergents représentent la troisième grande zone géographique pour les dividendes. C'est là que les coupons ont connu la plus forte expansion : +109 % depuis 2009, pour atteindre presque 126 milliards de dollars. Les BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine - pèsent plus de la moitié de ce poids…
- Dans Marianne : Un rapport dénonce les abus de la troïka européenne par Hervé Nathan – 27/02/2014
…Comment
a agi et a fonctionné la fameuse et fumeuse troïka, cette instance monstrueuse
associant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds
monétaire international, qui a imposé, de 2010 à aujourd'hui, l'austérité la
plus ravageuse à la Grèce, l'Irlande, au Portugal et à Chypre.
C'est
l'objet d'un «rapport d'enquête» de la
commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement de Strasbourg,
dont Marianne
a pu consulter la version provisoire, rédigée par deux corapporteurs, le conservateur autrichien Othmar Karas et le
socialiste français Liêm Hoang-Ngoc.
Ce
prérapport, qui est pourtant déjà un compromis entre les libéraux et les
sociaux-démocrates (mais des amendements seront débattus en février puis en
mars), dresse néanmoins un tableau qui ferait dresser les cheveux sur la tête
de n'importe quel citoyen européen un peu attaché au droit.
Non
seulement le mandat de la troïka «n'est pas clairement défini
et manque de transparence», mais, pis encore, «il n'existait aucune base
juridique pour [sa] création» dans les traités de
l'Union en 2010.
La troïka rendait compte de son action à l'Eurogroupe (le conseil des ministres
des Finances de la zone euro), instance elle-même informelle, puisque seul le
Conseil des ministres de l'Economie et des Finances où sont représentés les 28
pays membres a une existence institutionnelle.
Les entorses aux
principes sont multiples
: la Commission européenne était en plein conflit d'intérêts puisque, réputée
être «la gardienne des traités», elle gérait aussi leur transgression. Ainsi la troïka a-t-elle imposé des
réformes des systèmes de santé à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal, en
violation de l'article 168 du traité de Lisbonne prescrivant que ces
questions sont du ressort exclusif des Etats...
→ ITW de Liêm Hoang-Ngoc :
"La troïka, c’est la manifestation paroxystique des dysfonctionnements de
l’Europe des États"
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