1 mars 2014

SELECTION HEBDOMADAIRE DU 01/03/2014




Commissariat général à la Stratégie et à la Prospective

  • Les enseignements du débat citoyen : inquiétudes, mais attentes à l’égard des réformes par Delphine Chauffaut – février 2014
À l’occasion de ses travaux sur “Quelle France dans 10 ans ?” le Commissariat général à la stratégie et à la prospective a conduit une vaste concertation, accordant une large place au débat citoyen. L’opinion de la population a été recueillie au moyen de méthodes variées et complémentaires.
Le constat est celui d’un grand pessimisme des Français sur la situation de notre pays, tempéré par un relatif optimisme sur leur avenir personnel, mais aussi d’une énergie latente, prête à être mobilisée autour de la rénovation de notre modèle social et économique. Parmi les personnes interrogées, certaines, faute de projet fédérateur, s’enferment dans le repli sur soi et le rejet des autres. D’autres, percevant des voies de changement, sont prêtes à accepter des réformes qui viseraient à préserver notre façon de vivre ensemble.
Principaux enseignements :
  • Un haut niveau de pessimisme des Français : 44 % s’attendent à une croissance négative ou nulle dans les dix prochaines années et 72 % à des tensions entre les groupes composant la société.
  • La tentation d’un repli sur soi : un moindre engagement pour l’environnement, une forte volonté de sanction des abus et la limitation de l’immigration.
  • Des Français désabusés face au fonctionnement de notre démocratie : les Français veulent notamment rénover la vie publique, réaliser des économies via le non-cumul des mandats et la limitation des indemnités.
  • Un attachement à notre modèle social tout en étant critique sur ses faiblesses : 60% des citoyens souhaitent réorienter la protection sociale vers davantage de prévention et 51 % considèrent que l’école ne réduit pas les inégalités sociales.
 
 
L’observatoire des PME
 
  • PME 2013 Rapport sur l’évolution des PME – 9e édition – février 2014
Les TPE et PME représentaient en 2012 près de la moitié des 22.184.000 emplois salariés. Les ETI (entreprises de taille intermédiaire) en représentaient, elles, près d'un quart. A elles seules, les PME ont réalisé, en 2012, un chiffre d'affaires de 616 milliards d'euros et leurs exportations ont augmenté de 6% contre 3,4% pour l'ensemble des exportations françaises.
Mais PME et ETI ont été affectées par le ralentissement économique de 2012 qui s'est poursuivi au début 2013. Leur rentabilité a globalement baissé et les PME et ETI ont perdu 92.000 emplois.
Par ailleurs, la carte régionale de l'emploi des PME continue de montrer de fortes inégalités territoriales. Ainsi, 54% des salariés de PME travaillent dans cinq régions : Ile-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Pays de la Loire et Nord–Pas-de-Calais. Les défaillances d'entreprise ont continué de progresser dans la plupart des régions, sauf en Bretagne et en Franche-Comté où les dépôts de bilan ont diminué respectivement de 2% et 9%. Ils ont en revanche augmenté de plus de 20% en Corse, Auvergne, Bourgogne, Haute-Normandie et Basse-Normandie et de plus de 10% en Lorraine, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, Picardie, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon.
Le rapport se penche aussi sur les problèmes de trésorerie des PME. Il constate un recul important de l'investissement en capital de près d'un tiers, plafonnant à 6,1 milliards d'euros. La levée de fonds a aussi connu un recul important, en particulier auprès des banques et compagnies d'assurances, en partie compensé par les particuliers et les pouvoirs publics. Mais l'étude révèle aussi que l'innovation est malgré tout restée très dynamique chez les PME et ETI qui, avec 18 milliards d'euros ont réalisé les deux tiers des investissements de R&D de l'ensemble des entreprises. Enfin, les pôles de compétitivité qui constituent des plateformes favorables aux partenariats technologiques et à l'internationalisation sont toujours plébiscités par les PME et ETI qui représentent 80% de leurs nouveaux membres.
 
 
Observatoire des Inégalités
 
  • Les inégalités de conditions de vie dans le monde – Note de l’Observatoire n°2 – février 2014
L’Indice de développement humain (IDH), est partout dans le monde en constante progression. Cet indice était de 0,694 en 2012, contre 0,561 en 1980.
L’amélioration des conditions de vie est indéniable, l’évolution de la situation mondiale est partout positive. La situation des plus pauvres s’améliore même dans les pays du Sud, et notamment en Afrique, pourtant souvent citée en exemple pour ses retards en matière de développement. En Afrique subsaharienne, la part des habitants sans eau potable est passée de 51 % en 1990 à 37 % en 2011.
Les habitants de la grande majorité des pays en développement ont vu leurs conditions de vie s’améliorer, et pas seulement dans les pays émergents, malgré une augmentation massive de la population mondiale, en particulier dans les pays les plus pauvres…
Malgré ces améliorations bien réelles, des inégalités massives demeurent. Dans de nombreux pays, les guerres, la désorganisation des structures économiques ou l’accaparement des richesses par une élite dirigeante, empêchent le plus grand nombre d’accéder au minimum vital, alors que les plus aisés s’enrichissent et consomment toujours plus…
L’échelle continentale masque également d’énormes inégalités entre les pays, les zones rurales et les villes. Il faudrait observer comment les inégalités évoluent au sein de chaque pays, dans les pays pauvres comme dans les pays les plus riches : une amélioration moyenne peut masquer une détérioration pour certaines catégories de populations marginalisées.
Dans les pays aux économies émergentes (Chine, Brésil par exemple), une partie de la population sort progressivement de la pauvreté pour accéder à la classe moyenne. Mais à quel prix ? Leurs conditions de travail, leurs revenus, leur protection sociale n’ont rien à voir avec la situation des employés des pays développés…
Les progrès en matière d’accès à l’eau potable, à l’école, aux nouvelles technologies notamment, cachent aussi des améliorations en trompe-l’œil. Si le nombre d’enfants non scolarisés en primaire dans le monde en développement s’est fortement réduit, passant de 104 millions en 1999 à 58 millions en 2010, c’est aussi au détriment de la qualité des conditions d’éducation et d’enseignement. Pour faire face à une très forte pression démographique, l’amélioration de l’accès à l’école s’est traduite par une très forte progression du nombre d’élèves par classe (60, voire 100). L’essor des activités productrices, de l’industrie, du bâtiment, des transports, engendre aussi dans ces pays des conséquences environnementales qui peuvent être désastreuses.
Quelques chiffres :
  • 11 % de la population mondiale, soit 768 millions d’individus, n’a pas accès à l’eau potable.
  • Dans les pays en développement, un peu plus de 862 millions de personnes vivaient dans des bidonvilles en 2012…
 
 
FONDATION ROBERT SCHUMAN 
 
  • Newsletter n°614 – 24/02/2014
          Sommaire : A la une ! : Débat/Agriculture Crise financière : Eurogroupe - Espagne - Grèce - Portugal - Suède - OCDE - G20 Commission : Tourisme - Commerce/USA - Aéroports Conseil : Agriculture/Pêche - Economie/Finances - Compétitivité Défense - Education Diplomatie : Iran - Ukraine - UE/Brésil Allemagne : Défense - OCDE - Train/ICE Estonie : Russie - Démission France : Franco-allemand - Sécurité/Méditerranée Italie : Gouvernement République Tchèque : Confiance - Traité budgétaire Royaume-Uni : Ecosse Ukraine : Révolution ONU : Centrafrique Eurostat : Inflation - UE/Brésil Etudes/Rapports : Mer - BEI - OCDE Retraites Sport : Jeux olympiques Culture : Expo/Paris - Expo/Francfort - Expo/Londres - Expo/Marseille - Carnaval/Venise
 
 
IRIS
 
  • Les défis de la stabilité en Centrafrique par Philippe Hugon – Les Notes de l’IRIS – février 2014
Au-delà de la conjoncture, la Centrafrique est le prototype d’un Etat failli. Elle est depuis son indépendance ravagée par des crises et des coups d’état. Le faible contrôle de son territoire, grand comme la France et qui compte environ 4 millions d’habitants (7 habitants au km2), la défaillance de l’Etat dans ses fonctions régaliennes (absence d’armée opérationnelle), des référents ethno-régionaux se substituant à la construction d’un vouloir vivre ensemble collectif national, sont autant de facteurs d’une vulnérabilité extrême. Les richesses du sous-sol (diamant, uranium, pétrole, or) et du sol (coton, bois) sont convoitées par des sociétés étrangères, alimentent la contrebande à partir de frontières poreuses et sont, notamment pour le diamant, des moyens de financement de divers groupes rebelles. Sous perfusion financière internationale, la RcA a externalisé sa sécurité ; faute d’état, les services sociaux sont assurés par des acteurs non-étatiques essentiellement étrangers et par les églises. Chaos longtemps borné et oublié, la RcA est devenue une zone grise au coeur du continent africain…
La Séléka s’est constituée en août 2012 en regroupant plusieurs mouvances dissidentes venant du nord. Elle est une coagulation de groupes armés constituant des alliés de circonstances. La Séléka comporte des éléments tchadiens et soudanais liés aux trafics du diamant.
Après la prise du pouvoir par les armes, la situation est devenue très grave avec plus de 500.000 déplacés et 70.000 réfugiés, la moitié de la population en forte insécurité alimentaire, la violation des droits de l’Homme (recrutement d’enfants-soldats, viols, meurtres). Les exactions des rebelles de l’ancienne Séléka ont conduit à des groupes d’auto-défense « chrétiennes » (anti-balaka) et les affrontements ont pris une dimension ethnorégionale et religieuse, malgré le rôle d’apaisement des différents responsables religieux.
La « communauté internationale » s’est mobilisée face à un cycle de violence qui risquait d’être impossible à contenir. Le 5 décembre 2013, elle avait voté à l’unanimité, dans le cadre du chapitre VII, le recours à la force face à une menace avérée contre la paix et la sécurité internationale en Centrafrique.
Les crises actuelles de la centrafrique renvoient à deux principales lignes de force :
    • La Centrafrique est l’exemple type d’un Etat failli, enclavé, entouré de huit pays en situation de forte insécurité et instabilité. les conflits renvoient à un enchevêtrement de facteurs où s’enchaînent l’Etat parasitaire, la criminalité, l’extrême pauvreté, la marginalisation des populations du nord et les rivalités pour le contrôle des ressources à commencer par le diamant.
    • Face à une faillite totale de l’Etat centrafricain pour assurer ses fonctions régaliennes, les forces régionales africaines sont dans l’impossibilité d’assurer l’ordre et d’éviter le chaos. En l’absence de l’Europe et du fait du retrait américain dans cette zone, la France, ancienne puissance coloniale, joue le rôle de pompier ou de « gendarme par défaut » en termes de maintien de l’ordre mais non de soutien des régimes politiques en place…
Les défis à relever sont considérables. Dans le court terme, les forces de l’ordre chercheront à  sécuriser les biens et les personnes et à empêcher une guerre civile, voire un génocide. A court/moyen terme se pose la question politique des élections et de la réconciliation nationale, notamment du dialogue interreligieux. A moyen/long terme, les questions sont celles de la reconstruction de l’Etat, du contrôle des ressources du sol et du sous-sol et de projets de  développement donnant des perspectives d’activités légales rémunérées, construisant un tissu économique et permettant un désenclavement économique d’un des pays les plus pauvres…
 
 
ARTICLES
 
  • Dans La Croix : Touchés par la « précarité hydrique », certains Français n’ont plus accès à l’eau potable par Jean-Baptiste François – 24/02/2014
    Le problème touche les sans-abri, victimes de la fermeture de certaines fontaines publiques, mais aussi de nombreuses personnes qui ne peuvent plus payer leur facture d’eau…
    Avec 450 sanitaires publics gratuits, ainsi que 18 bains-douches publics, la capitale fait pourtant partie des villes les mieux équipées en termes d’accès à l’eau pour les plus démunis. Un paradis, à côté de Marseille, dans laquelle 12 000 personnes sans domicile fixe se partagent six sanitaires publics et où la grande majorité des fontaines sont cassées, selon un inventaire réalisé par Médecins du monde
    À l’échelle du pays, parmi les 17 000 habitants des bidonvilles, essentiellement des Roms de Roumanie et de Bulgarie, 3 700 vivent sans robinet à proximité, selon un diagnostic officiel réalisé l’été dernier
    Avoir un toit au-dessus de sa tête ne garantit pas un accès à l’eau suffisant. Les Français y consacrent en moyenne 1,1 % de leur budget. C’est raisonnable. Mais deux millions de ménages y consacrent plus de 3 % de leurs revenus. Le nombre de ménages aidés pour impayés d’eau est passé de 50 500 en 2005 à 67 500 en 2009, selon les chiffres les plus récents du ministère du logement…
     
  • Dans Les Echos : Les dividendes ont dépassé 1.000 milliards de dollars par Marina Alcaraz – 24/02/2014
    … Les dividendes versés dans le monde ont dépassé la barre symbolique des 1.000 milliards de dollars. Les sommes distribuées aux actionnaires ont progressé de 43 % entre 2009 et 2013, selon une étude de Henderson sur les 3.000 plus grandes capitalisations. Et, pour 2014, la société de gestion anticipe une accélération de la croissance, tirée par les marchés développés, après une année 2013 relativement morose.
    Les entreprises nord-américaines restent les principales contributrices aux dividendes mondiaux, avec environ 340 milliards de dollars versés en 2013, un record. Sur cinq ans, les groupes outre-Atlantique les ont augmentés de 49 %.
    L'Europe, hors Royaume-Uni, arrive en deuxième position, représentant environ un cinquième des dividendes totaux comptabilisés (presque 200 milliards de dollars). Toutefois, cette zone a affiché la plus faible croissance en cinq ans (+8 %), sur fond de crise de la zone euro. La France, avec 50 milliards de dollars de dividendes en 2013, est le troisième pays dans le monde en termes de dividendes (après les Etats-Unis et le Royaume-Uni) et le premier du Vieux Continent.
    Les pays émergents représentent la troisième grande zone géographique pour les dividendes. C'est là que les coupons ont connu la plus forte expansion : +109 % depuis 2009, pour atteindre presque 126 milliards de dollars. Les BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine - pèsent plus de la moitié de ce poids…
     
  • Dans Marianne : Un rapport dénonce les abus de la troïka européenne par Hervé Nathan – 27/02/2014
…Comment a agi et a fonctionné la fameuse et fumeuse troïka, cette instance monstrueuse associant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, qui a imposé, de 2010 à aujourd'hui, l'austérité la plus ravageuse à la Grèce, l'Irlande, au Portugal et à Chypre.
C'est l'objet d'un «rapport d'enquête» de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement de Strasbourg, dont Marianne a pu consulter la version provisoire, rédigée par deux corapporteurs, le conservateur autrichien Othmar Karas et le socialiste français Liêm Hoang-Ngoc.
Ce prérapport, qui est pourtant déjà un compromis entre les libéraux et les sociaux-démocrates (mais des amendements seront débattus en février puis en mars), dresse néanmoins un tableau qui ferait dresser les cheveux sur la tête de n'importe quel citoyen européen un peu attaché au droit.
Non seulement le mandat de la troïka «n'est pas clairement défini et manque de transparence», mais, pis encore, «il n'existait aucune base juridique pour [sa] création» dans les traités de l'Union en 2010. La troïka rendait compte de son action à l'Eurogroupe (le conseil des ministres des Finances de la zone euro), instance elle-même informelle, puisque seul le Conseil des ministres de l'Economie et des Finances où sont représentés les 28 pays membres a une existence institutionnelle.
Les entorses aux principes sont multiples : la Commission européenne était en plein conflit d'intérêts puisque, réputée être «la gardienne des traités», elle gérait aussi leur transgression. Ainsi la troïka a-t-elle imposé des réformes des systèmes de santé à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal, en violation de l'article 168 du traité de Lisbonne prescrivant que ces questions sont du ressort exclusif des Etats...
 
ITW de Liêm Hoang-Ngoc : "La troïka, c’est la manifestation paroxystique des dysfonctionnements de l’Europe des États"



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