8 mars 2014

SELECTION HEBDOMADAIRE DU 08/03/2014




INSEE
 
  • Trois femmes sur quatre gagnent moins que leur conjoint par Thomas Morin – INSEE Première n°1492 – mars 2014
En 2011, aux âges actifs, trois femmes en couple sur quatre gagnent moins que leur conjoint, en tenant compte des revenus d’activité (salaires, revenus des indépendants) et de remplacement (chômage et retraites). En moyenne, les femmes contribuent à hauteur de 36 % aux revenus du couple. Elles perçoivent un salaire inférieur en moyenne à celui de leur conjoint, travaillent plus souvent à temps partiel et ont un taux d’activité moins élevé.
De 2002 à 2011, la contribution moyenne des femmes a augmenté de trois points, du fait principalement du recul de la part des femmes au foyer. Les écarts de revenus au sein des couples sont plus prononcés quand il y a des enfants et quand les conjoints sont mariés ; ils le sont moins quand les couples sont plus jeunes et plus diplômés.
 
  • Femmes et hommes : Chiffres, graphiques et études – 06/03/2014
 
 
Observatoire des Inégalités
 
  • « Femmes-Hommes : l’égalité au travail c’est possible ! », entretien avec Dominique Meurs, professeure des universités en sciences économiques – 05/03/2014
« Ces écarts s’expliquent par des différences de temps de travail : les femmes sont plus à temps partiel (30 % d’entre elles) que les hommes (7 % d’entre eux). Ensuite viennent des éléments liés à l’éducation et à l’expérience professionnelle. En ce qui concerne les qualifications, cela a changé car les nouvelles générations de femmes sont désormais plus diplômées que les hommes. En revanche, elles continuent à accumuler moins d’expérience en moyenne, du fait des interruptions d’activité plus fréquentes, dues au congé maternité et au congé parental notamment. Enfin, interviennent des éléments structurels : les secteurs d’activité dans lesquels les femmes travaillent et la ségrégation hiérarchique, c’est-à-dire le difficile accès aux postes de cadre supérieur… »
« Une étude récente sur les cadres français de 40 à 45 ans dans le secteur privé montre que la probabilité pour les femmes d’atteindre l’échelon immédiatement supérieur est inférieure de 12 % à celle des hommes dans les plus bas niveaux hiérarchiques. Pour les niveaux les plus élevés, cette probabilité est inférieure de plus de 50 % avec celle des hommes… »
Extrait du magazine Alternatives Economiques n°331, janvier 2014.
 
 
OFCE

En temps normal, politiques monétaire et budgétaire poursuivent des objectifs communs, au premier rang desquels figure la stabilité macroéconomique. Il existe donc des interactions entre les décisions prises par les deux autorités…
Avec la mise en œuvre des mesures non conventionnelles de politique monétaire, ces interactions sont renforcées. L’adoption de mesures non conventionnelles a conduit les banques centrales à acheter des titres de dette publique, si bien qu’à l’exception de la BCE, elles détiennent une part significative de l’encours de dette. Ce faisant leurs opérations interfèrent avec la gestion de la dette généralement dévolue au Trésor…
Or les objectifs de la banque centrale et de l’agence chargée d’émettre la dette publique peuvent être contradictoires puisque le Trésor cherche à minimiser le coût du service de la dette, sans tenir compte de l’impact macroéconomique de ses décisions. Deux interactions supplémentaires peuvent émerger…
La nature des interactions, le contexte macroéconomique marqué par l’importance des dettes publiques et les risques d’instabilité financière rendent donc indispensable la coordination entre politiques monétaire et budgétaire…La citation de James Tobin illustre parfaitement cette nécessité dans le cas des Etats-Unis : « La Réserve fédérale ne peut pas prendre de décisions rationnelles de politique monétaire sans savoir quel type de dette le Trésor a l’intention d’émettre. Le Trésor ne peut pas rationnellement déterminer la structure des échéances de la dette portant intérêt, sans savoir combien de dettes la Réserve fédérale a l’intention de monétiser ».
Dans le cas européen, cette question semble être de second ordre puisque le portefeuille d’actifs de la BCE est peu important. Même en observant que le portefeuille est concentré sur les titres obligataires émis par quelques pays (italiens, espagnols, portugais, grecs et irlandais), dont la dette publique représente 42 % de celle de la zone euro, l’encours de dette détenu par la BCE est porté à 5 % en considérant uniquement les pays en crise. Ainsi, nous pouvons regretter que la BCE n’ait pas mené une politique monétaire plus active, qui aurait justement permis de baisser significativement et plus uniformément les taux d’intérêt dans l’ensemble des pays de la zone euro, afin de réduire le besoin de consolidation et d’en atténuer les effets négatifs.


CEPII

  • Vers une industrie moins... industrielle ? par Matthieu Crozet, Emmanuel Milet – La lettre du CEPII n°341 –février 2014
L’économie française se désindustrialise à un rythme rapide. Cette évolution du tissu productif est plus profonde qu’il n’y paraît : au-delà d’un basculement de la production et des emplois depuis les secteurs industriels vers les secteurs de services, les activités des entreprises deviennent plus complexes et plus diversifiées et tendent à effacer progressivement la frontière entre industrie et services
Les entreprises industrielles ont, nécessairement, une production de services pour compte propre : des activités de comptabilité, R&D, marketing, logistique… Mais de nombreuses entreprises industrielles ont également une production de services pour compte d’autrui, c’est-à-dire pour les proposer en tant que tels à des clients extérieurs…
83 % des entreprises industrielles de l’échantillon ont une production de services pour autrui et près du tiers produisent, en réalité, plus de services que de biens
Entre 1997 et 2007, cette tendance à produire des services s’est renforcée, à un rythme modéré, mais régulier : en moyenne, sur l’ensemble de la période, la part des services dans les ventes totales de chaque entreprise industrielle a progressé de 1,7 point de pourcentage sur l’ensemble de la période…
L’opposition traditionnelle industrie/services apparaît singulièrement brouillée. Ceci devrait amener à réviser les grilles d’analyse de la désindustrialisation et les fondements des politiques industrielles…

 
La Vie des idées

article
 
  • Les pays émergents : performance ou développement ? par Dalila Nicet-Chenaf – 04/03/2014
Comment caractériser aujourd’hui un pays émergent ? Une réponse concise à cette question est difficile à formuler voire impossible. Il suffirait, se dit-on, de se référer aux listes de pays établies par les institutions internationales (Banque Mondiale, FMI), les organismes financiers (Goldman et Sachs) ou groupe d’experts (Boston Consulting Group, Standards and Poor’s), pour cerner le contour de cette catégorie de pays. Or, depuis les années 1980, les listes de pays émergents ne cessent de se multiplier…
Il existe un seul consensus : celui des performances macroéconomiques qui font de ces pays les nouvelles locomotives de la croissance mondiale… À eux seuls les 5 BRICS représentent 18 % du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat, 40 % de la population, 15% du commerce et 40 % des réserves monétaires de la planète. Les BRICS devraient assurer également en 2015 selon le FMI plus de 60% de la croissance mondiale…
La notion de « pays émergents » a été élaborée dans une optique « opérationnelle » : faire le tri parmi les pays en développement entre les bons et les mauvais performeurs… Si les pays émergents tendent donc à être caractérisés par de bonnes performances macroéconomiques, cela ne doit pas masquer que, si l’on prend en compte différents indicateurs de développement humain, ces pays restent clairement des pays en voie de développement…
Parmi les critères de performance, celui de « forte croissance sur le long terme », souvent mobilisé dans les définitions, montre également ses limites. En effet, il existe un grand nombre de pays en développement dont les taux de croissance ont été supérieurs à la croissance mondiale pendant dix années consécutives sans qu’ils apparaissent généralement dans les listes de pays émergents…
C’est aussi la stabilité politique et institutionnelle des pays qui, en rassurant les investisseurs, fondent l’essence même de la catégorie…
En effet, il ne faut pas perdre de vue que le concept a été créé pour présenter aux investisseurs une catégorie de PED pour lesquels le climat des affaires est favorable, où la rentabilité des projets d’investissement est bonne, où la protection de l’investisseur est assurée, les risques d’expropriation limités, avec une bonne exécution des contrats et de bonnes infrastructures…
Chacun est à la recherche des mécanismes qui fondent l’émergence. Or, nombreux sont ceux qui voient dans l’insertion internationale l’élément clé qui fait que l’émergence peut être appréhendée comme un modèle de développement en économie ouverte. L’insertion internationale et les excédents commerciaux rendus possibles grâce à des coûts de main d’œuvre faibles sont les critères de performance les plus volontiers mobilisés pour caractériser un pays émergent…
Il est vrai que les pays émergents, essentiellement d’Asie et d’Asie orientale, ont connu des croissances rapides et que les performances macroéconomiques ont permis à des millions d’êtres humains de sortir de l’extrême pauvreté. Cependant faire un lien systématique avec des excédents commerciaux et une sortie possible du sous-développement est hasardeux
Or, ces pays, à des degrés divers, souffrent encore de tous les maux du sous-développement et rien ne garantit que les changements structurels nécessaires à la sortie de pauvreté se réalisent…
De tout cela il ressort que la catégorie des pays émergents reste sans doute une construction artificielle à l’intérieur de la catégorie des PED, l’instabilité des listes en témoigne. Elle autorise un simple repérage des pays performeurs et il est sans doute trop tôt pour faire de cette notion un élément clé de l’analyse des trajectoires de développement de pays aux expériences pour le moins diverses…Quant au concept d’émergence, il est sans doute trop tôt pour en faire un élément clé de l’analyse des trajectoires de développement de ces pays. S’il est possible de mettre en exergue certaines régularités dans les conditions qui conduisent à l’obtention du label de pays émergent, telles que l’insertion internationale autorisée par le maintien de normes sociales basses et la signature d’accords de libre-échange, des politiques industrielles « pro-marché » et « pro-business » orchestrées par les États, des spécialisations industrielles portant sur des segments bas de gamme ou de faible valeur ajoutée, ou encore une stabilité politique relative, à ce jour rien ne garantit que les réformes nécessaires seront adoptées pour faire évoluer ces sociétés encore fortement inégalitaires vers des sociétés développées…
 
 
Meta-media
 
  • Un « Netflix du livre » a-t-il une chance de réussir ? par Barbara Chazelle – 04/03/2014
Spotify et Netflix ont ouvert la voie aux offres de biens culturels numériques par abonnement ; les plateformes dédiées aux livres se multiplient elles aussi depuis quelques mois. Ce marché, encore à ses balbutiements, a-t-il une chance de percer ?
Le taux d’équipement en terminaux mobiles es désormais suffisant  Selon le CSA, une personne sur deux possédait un smartphone et 1 foyer sur 5 une tablette au 1er semestre 2013. Et, si l’on en croit les prédictions 2014 de Deloitte, nous entrons dans « la décennie du contenu, des services et des logiciels »…
C’est sur le concept de service que les acteurs du marché du livre par abonnement misent tousLes offres sont actuellement relativement proches et proposent dans la majeure partie des cas un abonnement à moins de 10 euros pour accéder à un catalogue de livres que l’on peut lire tant que l’on est abonné…
Pour se différencier, certaines plateformes de livres par abonnement investissent dans un moteur de recommandation dont l’élaboration est le plus souvent externalisée…
Les offres pour la jeunesse sont particulièrement inventives
En termes de diversification, certaines de ces plateformes envisagent de proposer des titres de presse…
Pour ces plateformes, l’enjeu est de proposer un catalogue le plus étoffé possible pour que chaque lecteur y trouve son compte… Les maisons d'éditions, beaucoup moins touchées par le piratage (mais pour combien de temps ?), se demandent quels profits elles vont bien pouvoir tirer de ce nouveau marché… En France, comme aux Etats-Unis, ce sont surtout les maisons d’éditions indépendantes qui tentent l’aventure et cèdent leurs droits d’exploitation…
Le paradoxe pour ces plateformes par abonnement, c’est que plus l’abonné est un grand lecteur, plus la marge sur le prix de l’abonnement s’étiole… Une piste pourrait être d’adresser le « binge reading » qui répond à l’impatience des lecteurs de connaître la suite d’un livre… certaines maisons d’édition commencent à raccourcir les délais de parution des livres d’une même série. En France, Albin Michel tente l’expérience avec la nouvelle trilogie de  Katherine Pancol ; le premier épisode, Muchachas, paru le 12 février, sera suivi des deux tomes suivants en avril et en juin…
La question c’est à combien d’abonnement le public est-il prêt à souscrire ? Un pour la musique, un autre pour de la vidéo, un troisième pour une carte de musée ou de cinéma, un quatrième pour les livres … ? A quand donc la plateforme à tout faire ?
 
 
FONDATION ROBERT SCHUMAN 
 
  • Newsletter n°615 – 03/03/2014
          Sommaire : A la une ! : Avenir/Europe - Elargissement - Extrémisme Elections/UE : PSE Crise financière : Allemagne - Portugal - Espagne - France Grèce Commission : Paiements - Prévisions économiques - Confiance Parlement : Pauvreté - Environnement - Ukraine - Sécurité - Tabac - Criminalité - Train Conseil : Travail détaché - Finances Diplomatie : Commerce Allemagne : Franco-allemand - Election/UE Espagne : Justice - Projets - Canal/Panama France : Centrafrique Italie : Gouvernement République Tchèque : Avenir/UE Roumanie : Remaniement Royaume-Uni : Avenir/Europe - Immigration Slovénie : Remaniement Ukraine : G7 - Gel/avoirs - OTAN - Gouvernement - Crimée Eurostat : Chômage Inflation Eurobaromètre : Climat Etudes/Rapports : Villes - Défense Publications : UK/UE Culture : Expo/Hambourg - Expo/Bâle - Allemagne/Carnaval - Expo/Biot
 
 
IRIS
 
  • De Kaboul à Pyongyang, d’Islamabad à Bangkok, un printemps 2014 sous tension par Olivier Guichard Asie Perspectives stratégiques n°13 – mars 2014
« Pour l’heure, en Asie du sud, dans le sud-est asiatique ou en Asie orientale, les prémices printaniers augurent un millésime 2014 à minima corsé, fragilisé par une cohorte d’événements, de contextes et de contentieux qui interpelleraient les observateurs à moins : chaos pré-électoral en Afghanistan, inflation de violence et d’attentats au Pakistan, lendemains de scrutins bien délicats et bonne gouvernance en berne en Thaïlande, au Cambodge et au Népal, tensions sino-nipponnes et bruits de botte, frictions diplomatiques entre Séoul et Tokyo, enfin, last but not least, péninsule coréenne entre espoir de détente et agitation militaire, composent un panorama régional complexe, fragile, d’où ressortent davantage la méfiance, la crise, la rancœur et la tension que la sérénité, la confiance, la paix et le pardon.
D’ici quelques semaines, dans des contextes nationaux bien distincts (Afghanistan ; Inde), divers rendez-vous électoraux majeurs (présidentielles ; législatives) mobiliseront l’électorat, nonobstant les risques pesant sur l’intégrité physique des votants, la règle démocratique ne faisant pas nécessairement l’unanimité parmi les populations concernées (cf. talibans afghans). Dans un registre voisin, il y a également fort à parier que certains contextes post-électoraux sensibles (Cambodge, Thaïlande, Népal) demeureront à un niveau élevé de fébrilité, si ce n’est de trouble ; une situation délicate de nature à verser à tout moment, selon le jeu des acteurs, à nouveau vers la violence et la crise, dans l’ancien Siam et au Bangladesh notamment.
De par leurs incidences diverses, les scènes domestiques fragiles esquissées ci-dessus devront faire l’objet d’un suivi attentif de la part de la communauté internationale. Cependant, l’attention de cette dernière devra également — en priorité peut-être — s’exercer sur une kyrielle de disputes interétatiques impliquant des acteurs régionaux de premier plan, à l’instar du complexe contentieux bilatéral allant crescendo entre Pékin et Tokyo, de la situation politico-sécuritaire crispée dans la péninsule coréenne ou encore, fut-ce à un niveau légèrement moins sévère, de l’épisode actuel de grande tension diplomatique éloignant Séoul de Tokyo… »


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